Né en 1921 à New-York.
Mort le 9 février 1991.
Fils d’immigrés juifs polonais, Albert Goshman est le premier enfant d’une fratrie de cinq : ses frères et sœurs se nomment Charles, Hyman, Melvin et Lily. Il convient de préciser que « Goshman » n’est pas son « véritable » nom de famille : en effet à son entrée aux états-unis dans les années 1910, son père a modifié son nom d’origine (Goshminsky) pour un patronyme sonnant plus américain.
C’est à l’âge de 13 ans que le jeune Albert Goshman se découvre une passion pour la magie. Il est à cette époque d’un naturel timide et renfermé, même en compagnie d’amis ou de voisins. Lors d’une soirée entre amis il assiste à ses premiers tours de magie : Albert, sous le charme, se met alors à cherche toutes les informations qu’il est possible de trouver dans ce domaine, essentiellement dans des revues et des magazines. Il en arrive à présenter son premier spectacle à la kermesse de son école, moment de sa vie qu’il préfère oublier à cause de la nature de sa prestation.
En 1941, Albert Goshman est contraint de quitter l’université pour aider ses parents dans la boulangerie familiale. Cette même année, il est réformé pour raisons médicales et ne participe pas à la grande guerre qui fait rage en Europe. Il décide tout de même d’aider ses compatriotes dans la mesure de ses moyens, et part alors travailler dans la ville de Buffalo pour la firme aéronautique « Curtis Wright ». Il se retrouve ainsi, à seulement 20 ans, entouré d’étrangers à conduire une machine-outil de 16h à minuit et ce, cinq soirs par semaine. Ses heures de loisirs sont alors quasi-inexistantes, et sa vie se résume à la banlieue de Buffalo et à la monotonie de son travail.
Il décide alors très vite de visiter les alentours se sa ville et découvre un vendeur de vieux livres, où il déniche un ouvrage de tours de cartes écrit par Howard Thurston, ainsi que plusieurs autres revues de magie qu’il se met à étudier en détail. Il retourne ensuite à New-York où il trouve un marchand de magie (« Holden’s magic » sur la 42e Street West), et comme il l’avouera plus tard : la magie devient alors sa drogue. Il dépense sans compter, chez Holden’s ou bien dans d’autres boutiques, afin d’acheter tous les tours possibles et imaginables, même si ces tours le déçoivent souvent.
Travaillant toujours à la boulangerie familiale pendant la semaine, il consacre tous ses week-ends à sa nouvelle passion. Goshman fait alors partie d’un groupe de magiciens amateurs, l’idée de gagner sa vie comme prestidigitateur étant à l’époque une parfaite utopie. Il se présente à plusieurs concours mais ne remporte néanmoins jamais de prix. Cela lui permet tout de même de recontrer beaucoup de jeunes magiciens qui auront plus tard une certaine notoriété : Bill Simon, Jerry Bergman, Frank Garcia ou encore Ken Krenzel.
Le 15 Septembre 1946, Albert Goshman épouse Dorothée Lipsius, et ils auront ensemble quatre beaux enfants. Il continue d’étudier la magie sans relâche, à tel point qu’il pense tout connaître sur le sujet. Il devient selon ses propres dires « le plus grand critiquailleur vivant ».
En 1960, sa situation familiale se dégrade. Ses parents ont des soucis financiers avec leurs trois boulangeries et sont contraints d’en vendre une, les deux restantes étant partagées entre ses deux frères. Albert devient le proprétaire de la première boutique de son père dans Nostrand Avenue à Brooklyn, mais il va rapidement être obligé de la fermer. Pour faire vivre sa famille, il va alors occuper plusieurs emplois : vendeur d’assurances, photographe, vendeur de glaces, etc.
Mais malgré ses efforts, aucun de ses jobs ne lui permet de faire vivre correctement sa famille. Ne lui reste alors qu’une seule solution : utiliser ses talents de magicien. A cette époque Goshman s’intéresse à la présentation, l’art de scène, mais aussi ce qui deviendra sa marque de fabrique : le détournement d’attention (avec l’aide de Francis Carlyle). Il décide de gagner de l’argent en donnant des conférences pour les magiciens.
Goshman assure quatre représentations au Magic Castle tous les soirs pendant deux semaines. Par la suite il occupe divers petits boulots pour envoyer le plus d’argent possible à sa famille, en complément de ses spectacles, que ce soit des arbres de Noël pour les enfants d’un hôpital, ou bien dans un grand hôtel (le « Hyatt House »). Le midi il travaille également dans un bar (Le « Black Cat ») où il fait un tabac avec un carte qui disparaît pour réapparaître dans le décolleté d’une serveuse. Sa situation s’améliorant, sa famille vient le rejoindre en Californie, et tout ce petit monde s’installe à Long Beach. Milt Larson engage alors Albert Goshman au Magic Castle en tant que magicien résident.
A cette époque Goshman commence à fabriquer des balles éponges, ustensile qu’il a créé et popularisé. Il présente pendant six ans son spectacle au Magic Castle, quatre à cinq fois par jour et six jours par semaine. Cette période va lui permettre de se perfectionner grâce aux interventions de Dai Vernon et Jay Ose.
Il quitte ensuite la Californie pour parcourir le monde : arrivé en Angleterre et grâce à sa réputation, il se produit au congrès de l’International Brotherhood of Magicians à Weymouth. C’est un triomphe et cette date marque son début de carrière internationale dans la magie. Goshman a su réinventer la magie et la pousser dans ses retranchements : avec lui une simple série de tours avec une pièce devient un enchaînement fluide. Le petit boulanger de New-York devient rapidement une référence dans le monde de la Magie.
En 1968 Albert Goshman se rend en compagnie de son fils à l’exposition universelle qui se tient à Osaka (Japon). Pour financer son voyage, il dispense une série de conférences à Paris, Moscou, Irkoutz et finalement Osaka. Toujours en 1968, il est distingué par le prix de « Magicien de l’année », récompense qu’il obtiendra de nouveau en 1970 et 1974. En Octobre 1971 il participe au congrès de l’AFAP à Grenoble, et en 1981 il obtient le prix de « Cours de l’année ».
Publications :
- Albert Goshman – Four Cards through a Newspaper (Manuscrit) (1968)
- Albert Goshman – Coins thru the Table (Manuscrit) (1974)
- Goshman Albert – The Card in the Purse (Manuscrit) (1974)
- Magic by Gosh (livre traduit en Français) (1987)
Albert Goshman nous quitte en Février 1991, mais ce maître de la misdirection nous laissera les clefs pour continuer et perfectionner son art.