Philippe Socrate

Une fois n’est pas coutume cette fiche ne sera pas du même format que les fiches biographiques du site. Nous avons effectivement eu l’honneur de rencontrer Mr Socrate qui a pris le temps de répondre à toutes nos questions. Je n’en dis pas plus et je vous laisse savourer cette interview. De plus, Philippe Socrate (à travers DicoMagie) vous a réservé deux surprises (les deux vidéos).
 

Le début d'une vie :

Dicomagie : Comment et à quel âge avez-vous débuté la magie ?
Philippe Socrate : Selon ma mère (parce qu’il faut toujours croire ce que nous dit notre maman), j’ai commencé quand j’avais huit ans en ramassant les papiers des malabars dans les caniveaux. Il y avait à l’intérieur des expériences de physique amusante, ce qui a constitué ma porte d’entrée dans le domaine de la magie. Après j’ai acheté un ouvrage intitulé « l’album des jeunes », qui comprenait notamment d’autres séquences de physique, tout aussi divertissantes.
Un peu plus tard quand j’étais en sixième, j’ai rencontré un gars qui faisait des tours de cartes qui me paraissaient révolutionnaires. Quand je lui ai demandé où il avait appris, il m’a répondu : dans les « Payot » (comme d’ailleurs tous les magiciens de ma génération : Bilis, Sanvert, Duvivier, …). C’était des bouquins très indigestes de 300 pages, avec peu d’illustrations, et qui étaient en fait des traductions d’ouvrages américains parus dix ans plus tôt.


J’en ai donc acheté un premier sur les cartes, puis dix autres sur les divers domaines de la magie. J’ai bossé pendant deux ou trois ans et j’étais lancé…
Vous avez fait des études de médecine générale. Est-ce que votre passion pour la magie a eu une incidence sur votre choix de carrière ?
La magie est une passion depuis l’âge de huit ans : je ne pense qu’à ça et elle m’habite totalement. Concernant mes études, au début je me dirigeais plus vers le domaine mathématique et puis j’ai réfléchi : avec la médecine, je serais plus proche de l’humain, comme pour la magie. Et je dois dire que je n’ai pas regretté ce choix car plus j’avance et plus je suis sûr que les deux domaines sont intimement liés, au niveau de la manière d’analyser quelqu’un, d’en tirer des informations et d’essayer de le comprendre.

J’ai bâti mon numéro de la rose pendant mes études : six ans de travail pour un numéro de six minutes trente, on peut dire que je ne suis pas rapide (rires). En revanche j’ai tout fait moi-même, de la fabrication du matériel au montage de la musique en passant par la mise en scène. Je ne pouvais pas sortir de chez moi sans avoir l’envie irrépressible de m’enfermer à nouveau dans ma cave et rêver de nouveau sur ce numéro. J’ai été comme ça jusqu’à mes vingt-cinq ans, habité par ma création, en parlant à tout le monde. Et chaque fois que je racontais ce que je créais, je voyais la tête des gens changer : je savais donc que j’étais dans le vrai, que l’histoire que je racontais plaisait.

Dicomagie : Vos connaissances en médecine acquises durant vos études vous ont-elles permis d’aller plus loin dans vos créations magiques ?
Philippe Socrate : J’aimerais dire oui mais ce n’est pas vrai. Actuellement je pense avoir fait le pont entre magie et médecine : je comprends « médicalement » pourquoi l’on fait certaines choses, pourquoi un mouvement particulier va être interprété d’une certaine manière par le cerveau et renforcer un effet. Ce qui me fascine, chez de nombreux artistes, c’est qu’ils ont trouvé ce juste mouvement de manière purement instinctive, qui peut ensuite être expliqué de manière médicale et anatomique. Je pense publier un jour un ouvrage sur le pourquoi médical de certains des gestes que nous faisons instinctivement en magie. 

Dicomagie : Pourquoi avoir décidé de faire carrière dans la magie au lieu de la médecine ?
Philippe Socrate : C’est principalement grâce à ma femme, qui me dit alors que j’ai 32 ans : « ton tour de la rose… tu ne l’as jamais montré à personne ? ». Et là, je réalise que c’est vrai. (rires)


J’ apprends que le concours de la FISM a lieu prochainement, je m’inscris, je me présente avec mon numéro, je remporte le prix et la machine était lancée. Dans un sens c’est la vie qui a décidé pour moi, je n’ai pris aucun risque, je n’ai jamais vraiment eu à choisir entre médecine et magie. Je n’ai aucun mérite : il y a eu un tourbillon qui m’a emporté, et j’ai eu la chance d’avoir une femme compréhensive. Elle est pour beaucoup dans tout ce qui m’est arrivé. J’ai d’ailleurs toujours refusé tout contrat supérieur à 15 jours pour ne pas m’absenter trop longtemps d’elle et de mes filles. Quand tu démarres une famille, c’est mieux d’être clair là-dessus dès le départ. (rires)

Le passage à la FISM :

Dicomagie : Pouvez-vous nous parler un peu plus de ce numéro de la rose présenté à la FISM en suisse ?


Philippe Socrate : La nouveauté de ce numéro à l’époque était qu’il n’y avait aucun accessoire de magie, juste un seau à champagne et une rose. Tous les foulards étaient justifiés (comme la serviette pour essuyer le seau par exemple) et tous les accessoires apparaissaient et disparaissaient au fur et à mesure.
Concernant l’ambiance de la FISM, à l’époque les américains étaient favoris. Le jour de la compétition la salle foisonnait de drapeaux US. Personne ne me connaissait, j’arrivais de nulle part. D’ailleurs le présentateur (pro-américain) m’avait présenté de la manière suivante : « je sais que c’est la fin de matinée, que vous avez tous faim, mais je vous en prie : restez. Après le numéro qui vient (en l’occurrence : le mien), vous en verrez un exceptionnel !( Américain) ». (rires)


Les rares français présents ont hué, évidemment, et je suis entré sur scène en victime. J’avais travaillé mon entrée pour qu’elle soit différente : en principe on entre sur scène de la droite vers la gauche, dans le sens de lecture, pour donner une impression de facilité. Premièrement, j’avais choisi de faire l’inverse pour attirer l’attention et deuxièmement j’avais demandé le concours de ma femme. J’entrais elle tendait son bras nu… je revenais en arrière pour lui faire un baisemain, après quoi sa main partait en coulisse. L’ambiance était posée : je ne présentais pas juste un numéro, je disais au revoir à des amis pour en rejoindre d’autres et passer un moment magique.


Sur scène se trouve alors simplement le seau à champagne et la rose, et les aventures commencent : la rose me dit qu’elle a soif, elle se change en femme, etc. C’est là, à Lausanne, que j’ai eu le plus beau succès de ma vie : standing ovation de 2000 personnes de la profession. Ma vie a basculé. A l’époque, en 1982, il n’y avait pas encore eu de numéro avec des roses. Depuis, ces numéros ont fleuri…

Dicomagie : Comment se sont passées vos années post-FISM ?


Philippe Socrate : Il faut savoir qu’être sacré « champion FISM » t’assure à peu près trois ans de contrats par la suite… en gros jusqu’à la compétition suivante où il y aura un nouveau champion, une nouvelle mode et de nouvelles conférences. Pendant cette période, tu fais tout. (rires)

Je suis rentré chez moi après ces trois ans et j’ai fait la connaissance de Paul Dassonville, qui était à l’époque DRH chez Total. Nous nous concertons et nous convenons de quitter nos emplois respectifs pour monter notre société, Magination, première boîte à utiliser la magie pour effectuer la promotion d’un produit. La magie évènementielle existait déjà, notamment grâce à Majax, mais c’était la première fois que l’on effectuait du sur-mesure pour promouvoir un produit.


Par exemple pour les laboratoires pharmaceutiques : les médecins sont inondés quotidiennement de fiches posologiques de tel ou tel labo qui vante les mérites de son médicament et elles finissent en général très rapidement à la poubelle. Nous avons donc eu l’idée d’y inclure de la magie, avec le crédo « Offrez un secret ». En effet, si tu offres un secret, celui qui le reçoit a envie de le partager, et donc… conservent la fiche avec eux. CQFD. (rires)


Avec Paul nous avons ouvert pas mal de portes et amené la magie dans de nouveaux secteurs : auprès des labos pharmaceutiques du fait de mon parcours médical, et aussi dans l’univers du luxe, avec Hermès par exemple. Nous leur avons montré une approche plus moderne de la magie. Nous avions avec Paul quitté chacun notre boulot pour tenter l’expérience, donc nous ne supportions pas que quelqu’un, client comme magicien, dénigre ce que nous considérions comme un art.


C’est dans cet esprit que j’avais réuni à l’époque une table ronde de professionnels de la magie chez Georges Proust (NDJ : actuel directeur du musée de la magie à Paris) afin de nous entendre entre nous sur un tarif minimum pour les galas. L’idée était que personne ne descende en dessous d’un certain seuil pour ne pas casser les prix (ce que certains faisaient à l’époque). Mais si l’intention était louable, et s’est d’ailleurs soldée par un accord, j’ai appris par la suite que vous ne pouvez pas empêcher quelqu’un d’avoir une tuile dans la vie, et donc un besoin impératif d’argent.

 

Une vie de magie :

Dicomagie : Comment se sont passés vos débuts en tant que magicien professionnel ?

Philippe Socrate : Sur ce point je tiens en premier lieu à rendre hommage à Gérard Majax, grâce à qui j’ai pu être magicien semi-professionnel de mes 22 à mes 32 ans. C’est lui qui a fait les premières soirées de close-up prestigieuses. J’ai eu alors la chance de faire partie de son équipe, aux côtés de Bernard Bilis, Gaëtan Bloom, Merlin et Jean-Jacques Sanvert. Je le dis sans prétention : on a tout inventé à l’époque en matière de magie type table en table… tout simplement parce qu’il n’y avait rien. Aucun tour, à l’exception peut-être du brainwave ou des épingles à nourrice de Jerry Andrus, ne pouvait s’effectuer debout ! En effet au début des années 70, la magie se présentait assis. Nous, on débarque, on est jeunes, on a peur de rien, on teste tout : élastique, ressorts, trombones, nourriture…

La « folie » Majax a véritablement débuté avec son émission « Y’a un truc » vers 1972, qui lui a permis d’obtenir la reconnaissance du public. Dès lors les contrats commencent à tomber, il recrute son équipe et c’était parti… Jusqu’en 1980 ça a vraiment été le paradis, peut-être les plus belles années du close-up. Il nous suffisait de débarquer dans une soirée, de mentionner le fait que l’on était magicien, pour que tous les yeux soient instantanément braqués sur nous avec admiration et intérêt, le tout sans avoir encore rien fait. Pas comme aujourd’hui, où la première chose que l’on va vous dire c’est « Magicien ? Ah oui ? J’en ai vu un… l’autre jour qui… ». La vraie magie de la magie, on a eu la chance, nous, de la vivre.
Certes la magie rapprochée existait déjà aux Etats-Unis à l’époque, mais elle avait un côté « cheap » : elle se pratiquait dans des cafétérias, avec des bols en plastique… Majax a contribué à lui donner une certaine classe : on a présenté des tours dans les écuries de Chantilly, à l’orangerie de Versailles, on était habillés en marquis… Peu importait le prix de la location de costumes, Pour le client rien n’était jamais trop beau ! C’était vraiment le top, aussi bien au niveau des conditions de travail que de notre salaire d’ailleurs. (rires)

Dicomagie : Avez-vous eu d’autres expériences en dehors de celle de « l’équipe Majax » ?

Philippe Socrate : Une autre période où j’ai beaucoup appris sur le métier, c’est lors de mon service militaire en Allemagne : je ne parlais alors pas la langue de Goethe, et je suis embauché par un cabaret pour du close-up… J’ai dû apprendre le geste juste, celui qui se passe de parole, qui est compris de suite. Je n’avais pas vraiment le choix à vrai dire. (rires)


Il fallait que je « saisisse » le public, ce qui, pour un français expatrié dans une ville de garnison germanique n’est pas couru d’avance. J’avais donc développé mon entrée en matière de la manière suivante : je me rendais directement au bar, j’interpellais le barman en demandant en allemand « s’il vous plait ? », et je produisais lentement et le plus naturellement du monde un billet depuis le sous-bock qui se trouvait devant moi. Et là… c’était une traînée de poudre, tous les yeux des clients étaient fixés sur moi, et chacun scrutait son dessous de verre pour trouver une petite coupure ! (rires)


C’était très formateur car j’étais obligé de capter l’attention du public rapidement, tout en ne maîtrisant alors que trois mots de vocabulaire. Par la suite j’ai fréquenté une allemande qui m’a traduit quelques-uns de mes textes, mais l’essentiel était là : trouver des tours « visibles », d’une simplicité linéaire pour celui qui le regarde et surtout à fort impact.

Dicomagie : Quels clients comptent parmi vos plus beaux souvenirs ?
Philippe Socrate : J’ai eu un contrat où l’on m’a dit « Prenez le meilleur de chaque pays » : j’ai donc pris Bilis (à l’époque nous étions inséparables), Tommy Wonder, Trevor Lewis, … bref, j’ai fait un plateau de rêve et nous sommes partis bosser pour un milliardaire maître du monde. On arrive donc à Monte Carlo avec dans l’assemblée le Prince Rainier et toute la famille de Monaco, et 300 invités triés sur le volet venant des Etats unis pour la soirée.. Le tout est encadré pour les services secrets israéliens. A un moment on s’est trompé de porte et on s’est retrouvés par terre avec un colt sur la tempe. (rires)J’ai revu le Prince Rainier et la famille princière plusieurs fois par la suite.


Mes plus beaux souvenirs et mes plus belles joies sont nées du monde de l’entreprise. J’ai par exemple animé le sommet de Davos (où j’étais rentré par mes contacts chez Hermès et Arthur Andersen) et découvert Bocuse à l’accueil : il représentait la gastronomie française en découpant des rondelles de saucisson… j’ai trouvé ça… très fort. (rires)

Dicomagie : Que vous ont apporté ces clients prestigieux ?
Philippe Socrate : Très tôt, grâce à mes études de médecine, j’ai eu conscience d’être passionné par les autres. Tout le long du cursus médical tu es humilié : par les infirmières (que tu agaces parce que tu n’y connais rien), par la surveillante (qui trouve que tu es un gros nul), par l’interne (que tu n’oses pas réveiller de peur de te faire incendier), par les patrons (pour lesquels tu n’existes même pas), … bref une série d’humiliations qui font que tu te construis.

A l’âge de 20 ans, lors d’un stage en chirurgie à l’hôpital Ambroise Paré, on m’a attribué une chambre avec deux patients : un SDF et un milliardaire ruiné par sa maîtresse.

Et bien la vie, elle est là, résumée en une chambre. (rires)

Quel que soit l’apparat, le pouvoir, il faut chercher « le centre » de chacun.

Les riches ont un centre aussi, qui est différent, plus protégé, mais si tu te décales, tu peux le trouver. Les maîtres du monde sont fascinés par la magie, mais en revanche leur entourage vous craint car ils pensent avec le succés que vous avez, que vous voulez prendre leur place. Mais quand ils voient qu’on est là pour s’amuser, l’ambiance se détend. Qui plus est, si le maître du monde vous trouve sympathique, il peut se confier plus facilement. Que ce soit médical ou magique, j’ai la notion du secret. (rires)

Dicomagie : Quels sont les pays où vous avez voyagé ? En avez-vous tiré des influences ?
Philippe Socrate : Les Etats unis, et le Japon sont des expériences magiques intéressantes à vivre.
Toutefois je suis très empreint de magie européenne, héritée de Robert Houdin, et je pense qu’il faut en être fier et la cultiver. Il ne faut surtout pas faire de magie américaine : certes, ils ont une langue qui leur permet de parler vite, et de faire de l’humour rapidement. Mais nous avons une magie si merveilleuse et si différente.


Pour amener un public au Septième ciel, il suffit de très peu de choses : du minimalisme, des beaux textes.
Avec cela vous les mettez ailleurs, ils n’ont plus de prise…


Dicomagie : Quel est votre état d’esprit général avant de monter sur scène ?

Philippe Socrate : J’ai toujours eu le trac, quel que soit le client d’ailleurs… et je l’ai toujours. C’est précisément ce trac qui me procure par la suite une joie immense, qui fait que je ferai probablement de la magie jusqu’à mes 90 ans. (rires)


Après il y a différents types de trac… par exemple, logistique : il faut être rendu et opérationnel à telle heure et à tel endroit. Si c’est dans un endroit perdu, et que vous venez d’enchaîner une première prestation, vous arrivez déjà stressé et préoccupé. C’est la raison pour laquelle je n’ai jamais enchaîné deux prestations le même jour, et également pour pouvoir profiter des moments post-spectacle : je suis sur un petit nuage et j’ai besoin de 2-3 heures pour redescendre. Comme vous, j’imagine. (rires)


Il y a aussi, et là je fais appel à vos souvenirs d’enfance, le fait qu’on a tous eu la même maman, qui nous a toujours répété de ne pas parler aux personnes qu’on ne connaissait pas. Et que fait-on quand on arrive dans une prestation en soirée ? On se dirige vers la première table indiquée par l’organisateur, et on est bien obligé d’adresser la parole à ses convives… Si on ajoute le fait que le monsieur drague une demoiselle, qu’à côté de lui les deux parlent affaires, et que tu n’as que dix minutes pour « amuser » la table… ça vous met forcément la pression.

J’essaye donc de  « border » un maximum de choses dans mes contrats pour justement m’éviter une part de stress supplémentaire. Cela va de l’organisation jusqu’au règlement.

Dicomagie : Avez-vous étudié des techniques comme la PNL pour vous aider dans l’approche d’inconnus ?

Philippe Socrate : Je comprends que cette technique vous intéresse, car elle a fasciné ma génération dans les années 80. Elle ressort en ce moment, elle est à la mode, mais personnellement après l’avoir essayée, j’en suis revenu. La magie vous apprend vraiment plus, et la médecine aussi. Le médecin généraliste par exemple, en voyant simplement son patient venir s’assoir en face de lui, sait déjà beaucoup de choses avant même qu’il ait commencé à parler.

En magie, c’est la même chose. Vous débarquez à une nouvelle table de huit personnes que vous ne connaissez pas et une multitude d’informations arrivent en même temps : je vais pouvoir m’appuyer sur cette jeune femme, ce monsieur est en opposition, je vais devoir me mettre de profil, etc. J’effectue mon premier tour, comme vous je pense, de manière complètement mécanique, et je scrute les réactions qui me permettent de sonder le public, et de voir sur qui je vais m’appuyer. C’est pourquoi je pense que l’analyse du corps, l’interprétation du langage non verbal, sont beaucoup mieux connues des magiciens que des psychologues. Tout simplement parce que nous, quand nous nous trompons, nous le voyons de suite.

Des inventions, du génie :

Dicomagie : Quel est votre avis sur la création, le secret et le plagiat en magie ?


Philippe Socrate : Actuellement ce qui protège la magie, c’est qu’il y a tellement d’explications partout… que les amateurs ne savent plus quoi travailler, c’est dur… (rires)


J’ai déjà été plagié par le passé, et parfois par des artistes de renom. Il y a certes toujours la blessure, mais ce qui te sauve au final c’est le besoin de « sang frais » du «plagieur» : il ne se contente jamais de ce qu’il a, il lui en faut toujours plus, toujours du neuf. On ne te plagie jamais pendant une vie… tout au plus pendant un an. C’est la plus belle des protections. (rires)

Un exemple : j’ai trouvé un pliage pour le tour du billet volant, qui donnait l’impression que le billet battait réellement des ailes. Je fais une conférence à Strasbourg où j’explique tout ça, et quelques semaines plus tard je vois en publicité du magazine Magix : « Apprenez le billet volant » avec en photo mon pliage ! De quel droit ? Sans m’en avoir demandé la permission bien évidemment…

J’ai eu beaucoup de blessures, comme tous les créatifs, mais je les ai toutes surmontées. Je n’avais pas le choix.
Je pense personnellement que la création passe par trois stades : Premièrement, on copie, seul dans sa chambre, sans présenter à qui que ce soit. Deuxièmement on s’approprie, on commence à rajouter des petites choses ici par là. Troisièmement on invente.

Dicomagie : Pouvez-vous nous parler de quelques unes de vos créations célèbres ? Le fil ?


Philippe Socrate : Michael Ammar m’a surnommé « Mister Thread » (Monsieur Fil). Ma réputation, outre atlantique est dûe au fait que j’ai été le premier à commercialiser un barillet de fil invisible : « le spider gimmick ». J’ai sorti une VHS à l’époque, que j’ai refusé qu’on commercialise en France pour garder une petite longueur « de fil » d’avance (je le regrette maintenant parce que du coup personne ne l’a vue).


Elle s’intitulait : « The spider gimmick story ». Tournée façon James Bond, avec bagnoles, belle baraque, filles en porte-jarretelles, et le spectre qui m’attend avec un chat… pour me donner ma mission.

Le client américain (Joe Stevens) était aux anges. (rires)

Le « maître du fil » à proprement parler à l’époque est Finn Jon, qui a alors un numéro au Crazy Horse, et qui déjeune souvent chez Paul. Je ne l’ai pas encore rencontré, mais on me raconte les effets qu’il peut réaliser, et je mets au point mes propres techniques pour obtenir ces résultats. De 1980 à 1995, j’ai fait « du fil » tous les jours 


J’ai plus tard eu la chance d’être en compagnie de Finn Jon, dans sa chambre d’hôtel, le jour où il a inventé le fil élastique : on avait alors un contrat à Vienne avec les Pendragons, Vito Lupo, Salvano… Imaginez un peu : 15 jours coincés dans un pays loin de chez nous, logés dans le même hôtel. Un rêve éveillé. Ce qui est magnifique avec les pros c’est qu’ils ne parlent jamais de magie, mais ils lancent des idées : vous partagez des trucs, des visions, des moments de vie. Ainsi naissent des effets qui parfois ne sortiront que dix ans plus tard. J’ai vécu tout ça grâce à mon tour de la rose, et j’ai rencontré des gens formidables.


Je précise que le fil élastique en lui-même, je n’y crois pas : on est loin des possibilités du fil traditionnel. A ce jour, je n’ai vu qu’un seul tour bluffant avec, et c’est Jeff Mac Bride qui l’a réalisé devant moi à l’aéroport de Madrid où nous faisions une télé : une houlette (NDJ : une carte qui sort toute seule de l’étui), dans les mains mêmes du spectateur. Mais il faut le charisme de MacBride pour que ça passe : il l’a fait à une fille… elle fut séduite immédiatement ! (rires)

Dicomagie : La corde coupée avec les doigts ?

Philippe Socrate : Le seul à m’avoir donné des cours dans le domaine des cordes (parce qu’il n’existait rien à l’époque) est Jean Merlin, et je tiens à lui rendre hommage car je lui dois beaucoup. D’ailleurs tous les mouvements actuels (popularisés par Richard Sanders et d’autres) découlent directement des bouquins de Merlin.


Le principal inconvénient de la corde coupée et raccommodée est qu’elle rétrécit au fur et à mesure des présentations. Or pour mes spectacles durant mon service militaire en Allemagne, je ne pouvais pas me réapprovisionner régulièrement en cordes neuves : je devais trouver un moyen de réaliser le même tour sans réellement couper la corde. L’idée de la corde coupée sans ciseaux m’est venue de là.

Dicomagie : Les cartes à la poche, auxquelles Michal Ammar fait référence ?


Philippe Socrate : J’ai inventé çette routine dans les années 1970. Récemment Michael Ammar m’a fait l’honneur de l’intégrer dans sa prestigieuse série. (NDJ : dans « Easy To Master Card Miracles vol.9 », sous le nom de « Socrate’s cards to pocket »).


Pour créer l’effet, je suis parti d’un tour du Dr Jacob Daley, « Cards Up the Sleeve », paru dans « Stars of Magic » : un voyage de 10 Trèfles qui remontent un à un la manche. Arrivé à la troisième escalade, je me suis dit « il faut que j’accélère le truc, j’aurais jamais la patience sinon ». C’est comme ça que j’ai eu l’idée de faire passer tout le jeu d’un coup, pas dans la manche, mais dans la poche. C’est le final « killer » du tour. J’ai publié cette routine en 1983.

En décembre 1983, je l’ai montrée à David Williamson au « Ron Mac Milan Day » puis en Août 1984, à Roberto Giobbi sur la croisière de « Magic Hands ».
Ces deux artistes ont créé deux routines, qui ont utilisé mon final.
Je les remercie ici d’avoir contribué à faire de mon effet, un classique de la cartomagie.

Dicomagie : Le journal changeant ?

Philippe Socrate : J’ai créé cet effet en 1985 : à l’époque Christian Fechner (NDJ : producteur de cinéma et passionné de magie) nous a demandé à Bilis et moi-même de créer cent clips de magie d’une durée de une minute trente environ. Nous gérons alors pendant deux ans tout le processus créatif : on fabrique, on écrit, on tourne avec des figurants ), on assiste au montage… Nous avions, Bilis et moi, tous les deux la trentaine et ce fut une merveilleuse expérience de créativité : on bossait tous les jours, avec une liberté totale pour inventer et rêver.

On était parfaitement complémentaire : nous nous étions mis d’accord pour que je ne fasse pas de cartes, du coup j’ai énormément progressé en magie générale. (rires)

Dans une de ces séquences, j’étais dans un ascenseur à lire mon journal en compagnie d’un autre gars et on sentait qu’à sa tête, il n’en aimait pas le titre. Je le changeais donc, son visage changeait d’expression aussi, puis le titre se transformait encore une fois, et ainsi de suite jusqu’au final : on voyait que le type m’agaçait donc mon titre devenait du japonais, je repliais le journal, la porte s’ouvrait et je descendais. C’est ce sketch qui a donné naissance au tour du journal changeant.


Le seul défaut que je lui trouve, c’est qu’il est un peu court : environ une minute quinze, soit le temps du clip. Cependant comme tour d’entrée, c’est un effet killer.

Dicomagie : Est-ce que vous êtes fier d’une de vos créations en particulier ?

Philippe Socrate : Je peux citer par exemple le tour où je raconte une histoire avec le jeu de cartes mélangé qui « s’improvise » au fur et à mesure, ce qui n’avait jamais été fait en langue française.


J’aime aussi particulièrement mon petit dernier : une routine avec une corde et un éventail, parce que j’ai eu beaucoup de mal à le mettre au point, et notamment à trouver le bon type d’éventail. De manière plus générale, c’est toujours la dernière création en date qui reste dans mon cœur… (rires)

Dicomagie : Dernière question : pourquoi êtes-vous aussi secret ? Est-ce un choix ?

Philippe Socrate : En ce moment je suis très souvent en compagnie de Benoit Rosemont, qui fait un spectacle de mentalisme exceptionnel. Pourquoi est-il aussi talentueux ? Parce qu’il n’est allé chercher ça nulle part ailleurs, qu’il ne l’a pas lu, et qu’il l’a trouvé en lui-même.


Je sais qu’en restant à l’extérieur du monde magique, je vais me recentrer sur moi-même, ne pas être « pollué ». Je pense que toute phase de recherche en magie est constituée de deux séquences : d’abord tu te tiens au courant des nouveautés, mais juste en surface, sans trop te laisser submerger. Ensuite, tu passes en mode autiste, tu te cherches, et tu crées véritablement du neuf, jamais vu ailleurs.

Dominique Duvivier, par exemple, a la chance d’avoir créé une équipe formidable à ses côtés. Ce qui fait qu’il peut pleinement assumer sa position centrale, gérer ses deux entreprises, assurer la promotion de ses produits, de ses spectacles, etc.

Moi, étant tout seul, je considère que ce serait une perte d’énergie considérable d’être aussi « attentif ». Je trouve donc plus simple de me replier sur moi, d’aller voir de temps en temps des amis magiciens, qui ne me saoulent pas avec la magie d’ailleurs (je les en remercie), et qui me tiennent simplement au courant des dernières tendances, sans jamais rien m’imposer. Après, libre à moi de creuser ou non ce qu’ils m’ont suggéré de découvrir.

 

Le questionnaire spécial DicoMagie.

DicoMagie : Vous pouvez rencontrer n’importe quel magicien, vivant ou mort, que vous connaissez déjà ou que vous n’avez au contraire jamais pu croiser (autre époque, faute de temps ou d’occasion). Qui choisissez-vous et pourquoi ?
Philippe Socrate : Sans hésiter : Paul Dassonville (NDJ : décédé le 07/11/2006) en lui demandant « Pourquoi es-tu parti si tôt, sans prévenir ? ». J’ai rencontré beaucoup de gens exceptionnels dans ma carrière, et j’en rencontre encore aujourd’hui, mais le seul qui me manque vraiment, c’est Paul.

Il possédait une générosité, une élégance morale et une droiture exceptionnelle. Peu de gens ont ces qualités… surtout dans notre milieu… (rires)   

Dicomagie : Y’a-t-il un tour ou un domaine magique que vous n’avez jamais expérimenté, et que vous regrettez de ne jamais avoir tenté ?

Philippe Socrate : Que je regrette, peut-être pas… Par exemple, en dehors de la boîte Zig-Zag, je n’ai jamais fait de grande illusion car je n’aime pas du tout ça. Mais je n’ai aucun regret là-dessus. (rires)

Ceci dit, et sans vouloir être prétentieux, je pense avoir fouillé à peu près tous les domaines en magie. J’ai lu énormément, tous les auteurs, pendant des années. Je lis moins maintenant, parce qu’il faut comprendre toutes les applications magiques sur smartphones… (rires)

Dicomagie : Pensez-vous justement que l’avenir de la magie réside dans le fait d’y intégrer de la technologie ?

Philippe Socrate : C’est tout à fait possible. Par exemple ce week-end un magicien suisse m’a montré un truc extraordinaire : il a introduit de l’électronique dans un tour où, selon toute logique, il ne peut pas y en avoir. Et bien ça, selon moi, c’est de la vraie magie. Dans un autre style, on m’a parlé de Giorgio, un mentaliste qui travaille sur scène avec une tablette tactile et j’ai très envie d’assister à son spectacle voir si cela me convainc ou non.


On peut également citer l’un des pionniers de la magie « technologique » : Horace Goldin (1873 – 1939) qui a été l’un des premiers (sinon le premier !) à effectuer des interactions avec un écran sur scène. Tout le monde a crié au génie de Woody Allen à propos de « La Rose Pourpre du Caire », mais Goldin avait fait ça avant lui… D’autres ont depuis popularisé ce genre d’effets : David Copperfield, et plus récemment Timo Marc (NDJ : Mandrake d’Or 2010) ou Marco Tempest.

Dicomagie : Quel est votre meilleur souvenir en tant que magicien ?

Philippe Socrate : Sur scène, j’ai eu un très beau succès au théâtre Princesse Grace à Monte-Carlo, où mon numéro collait bien à l’atmosphère du lieu. Je citerais également le prix de la FISM à Lausanne en 1982 parce que je ne m’y attendais pas et que je ne savais pas que ma vie allait basculer à ce moment-là. Je n’étais pas parti en Suisse pour gagner, mais simplement, sous l’impulsion de ma femme, pour montrer mon travail : le fruit de six ans de rêve et de réflexion dans ma cave.

Dicomagie : C’est probablement le plus beau cadeau que pouviez faire à votre femme…


Peut-être… En tout cas, par la suite elle a été reçue comme une reine par les japonais ! (rires)
D’ailleurs l’accueil des japonais était fantastique… J’étais estampillé « champion FISM », j’ai eu droit à des visites d’universités, et à un traitement en grandes pompes. Vous n’avez pas idée de l’accueil qu’on a eu là-bas.

Dicomagie : Il est vrai qu’à la différence des pays européens, plus cartésiens, les pays asiatiques sont connus pour considérer les magiciens comme des demi-dieux. David Stone parle souvent des mouvements de foule quand il passe à la télé japonaise…


Mais David Stone est un très beau gosse, un bon magicien et un tombeur, c’est normal.
Moi j’étais le « French Champagne », c’était plus  « culturel ». (rires)


Personnellement, je trouve que le plus beau public est le public européen, parce qu’on peut aller très loin en termes d’effets. Je considère toujours un tour de magie comme un meuble à différents tiroirs, avec d’abord le tiroir du bas, que vous ouvrez à tout le monde, parce que vous êtes obligés de le faire. Ensuite si vous êtes bien, que le public est réceptif, que vous sentez que vous pouvez aller plus loin, vous ouvrez le tiroir supérieur et ainsi de suite.


Avec les européens, on peut ouvrir beaucoup plus de « tiroirs » qu’avec les américains. Mon numéro de la rose par exemple, quand je l’ai fait à Los Angeles, a eu droit au résumé suivant dans le magazine Variety : « Socrate, from France, turned a rose into a balloon » (Socrate, un français, a transformé une rose en ballon). Ils n’ont pas vu que ma rose se transformait en femme, pour eux une telle abstraction poétique était impossible, donc c’était forcément un ballon.

Dicomagie : Quel est votre pire souvenir en tant que magicien ?
Philippe Socrate : Avec mon numéro de la rose, j’en ai eu pas mal… Par exemple lors de la semaine de la France à Berlin, où je passais après Alpha, le premier magicien à avoir fait des tours avec des oiseaux exotiques. J’adorais être en spectacle avec lui, ce que j’aimais moins c’était la quantité impressionnante de déjections d’oiseaux qui restait sur scène après son passage… (rires)


Nous nous étions donc mis d’accord avec les organisateurs allemands : Alpha terminait son numéro, et pendant que le présentateur faisait la liaison avec le mien une femme de ménage nettoyait la scène. Cela me permettait pendant mon passage de jeter mon foulard à terre et de m’agenouiller sans risquer de trop me salir. Tout se passe bien, à raison de trois ou quatre passages par jour pendant une semaine. Sauf un jour : j’arrive pour mon numéro et la scène est épouvantable.


Pendant que mon numéro se déroule, je commence à chercher ce que je dois enlever dans ma prestation pour éviter de me salir, parce que je suis coincé. Le public à l’air différent : Il ne réagit pas.  La rose se transforme en femme… : rien. Pire : j’ai même quelques éclats de rire. Je ne comprends pas.
La femme vole et je me retourne pour l’accompagner… j’aperçois la femme de ménage à quatre pattes, derrière moi, en train de nettoyer !
Je me retourne romantiquement, et je lui chuchotte« Go away ! Go away ! » (Allez-vous en !).


Elle se lève, sort de scène, et moi, foutu pour foutu, je continue mon numéro… (rires)


J’entends à nouveau les gens hurler de rire…je me retourne: elles sont maintenant deux à quatre pattes. La première ne m’ayant pas compris, était partie en coulisse chercher une collègue pour aller plus vite… J’avais donc deux femmes de ménage en train de briquer la scène dans mon dos. Ce n’est pas un mauvais souvenir à proprement parler. C’est plutôt la démonstration que, parfois, vous ne pouvez plus lutter, ça ne dépend plus de vous.

Dicomagie : Des souvenirs de problèmes techniques ?
Philippe Socrate : Le numéro de la rose m’en a offert pas mal. Il a l’air tout simple en apparence, et pourtant j’ai comptabilisé soixante-dix causes d’erreurs possibles en six minutes trente, dont la majorité ne dépendent pas de moi. C’est ce dont m’avait fait prendre conscience Salvano avec ses boucles : tu peux vérifier ton fil tant que tu veux, si tu es à l’instant t-1 de la rupture ton fil cassera pendant ton numéro. Donc dans l’absolu, cela ne sert à rien de vérifier…


A Vienne, je fais une représentation promotionnelle devant des journalistes la veille de l’ouverture du spectacle. J’arrive à la phase où la rose se transforme en femme. Le barillet prend ma rose et secrètement la fait passer entre mes jambes, je pousse sur le gimmick de la zombie, mais rien ne se passe. Je pousse plus fort et j’assiste en direct à la rupture lente et progressive du gimmick en acier, petit à petit (ça m’a paru un siècle). Immédiatement j’enroule le tout dans le foulard et je lance aux journalistes :
« Si vous voulez voir la suite, il faudra revenir demain ».


Heureusement j’avais toujours trois exemplaires de ce gimmick. Car Topper Martin m’avait appris qu’en tournée, un professionnel a toujours, non pas deux mais trois exemplaires de chaque ustensile! (rires)   

Dicomagie : Les musiciens ont des gammes pour entretenir leur dextérité. Avez-vous aussi un ou plusieurs tours fétiches que vous répétez régulièrement ?

Philippe Socrate : Entre douze et seize ans j’ai énormément travaillé devant un miroir, notamment les angles, et tout ce que je fais de bien maintenant vient de cette époque.
Après ce que la vie t’apporte, c’est juste le moment et la manière. L’âge te confère une légère autorité par rapport au groupe, qui facilite certaines choses.

Moi par exemple avec ma tête on ne sait pas si je suis un client qu’il faut chouchouter, ou bien un artiste qui doit travailler. C’est un avantage.
En dehors de ça je n’ai pas de « gamme » particulière, sauf pour les nouveaux trucs et là j’ai besoin de temps…

Dicomagie : Quelle est selon vous la qualité principale d’un bon magicien ?


Philippe Socrate : Je dirais : le charisme. Si on réussit à en avoir sans mettre qui que soit mal à l’aise, je pense qu’on est un grand artiste. C’est facile de casser quelqu’un dans le public pour attirer les rires sur lui, mais les gens conserveront ensuite un souvenir amer de ta prestation. Si au contraire tu réussis à créer un sentiment de bien-être, que tu amuses le public, sans en stigmatiser une partie, tu es pour moi un très bon magicien.

Dicomagie : Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un débutant en magie ?

Philippe Socrate : Aime ce que tu fais !